Publié le 19 Mars 2025
Le confort d’été constitue un enjeu crucial dans le cadre des rénovations énergétiques. Les hausses de températures estivales et la recherche de sobriété énergétique imposent de limiter le recours à la climatisation, au profit de solutions passives intégrées dès la conception des travaux. La maîtrise du confort thermique repose sur la capacité du bâtiment à retarder et atténuer les surchauffes. Cette aptitude dépend directement des matériaux, de leur déphasage thermique, et de la gestion des apports solaires.
Déphasage thermique ≥ 10h : Capacité d’un matériau à retarder la propagation de la chaleur. Ce critère est central pour maintenir une température intérieure stable.
Inertie thermique élevée : Masses thermiques lourdes (planchers, murs en pierre ou béton, enduits terre) stockent la chaleur et ralentissent les variations de température.
Ventilation nocturne naturelle ou mécanique : Permet de rafraîchir le bâtiment la nuit. Doit être accompagnée d'une excellente étanchéité à l'air le jourtechnique_etancheite-air.
Protections solaires extérieures : Volets, brise-soleil, casquettes de toiture. Essentielles pour bloquer les apports solaires directs.
Matériaux biosourcés à fort déphasage :
Fibre de bois : λ = 0,038 W/m.K, densité 50–160 kg/m³, déphasage jusqu’à 12h.
Ouate de cellulose : λ ≈ 0,040 W/m.K, densité 55 kg/m³, déphasage 10–11h.
Chanvre : λ ≈ 0,042 W/m.K, densité 45–70 kg/m³, déphasage 8–10h.
Combinés, ces matériaux permettent d’atteindre R ≥ 6 m².K/W avec épaisseurs de 20 à 24 cm selon le support.
Isolation mince avec faible déphasage : polystyrène, laine de verre (déphasage ≤ 4h).
Vitrages non protégés, surtout exposés sud et ouest.
Faible inertie thermique : structures légères ou rénovations trop isolées sans gestion d’inertie.
Absence de ventilation adaptée ou entrées d’air inadéquatestechnique_ventilation.
Toiture mal isolée : principale source de surchauffe dans une maison.
Les maisons subissent souvent de fortes surchauffes par la toiture. Il faut viser une isolation des combles avec R ≥ 7 m².K/W (soit 30 cm de ouate de cellulose) et soigner le traitement de l'étanchéité à l'air. Les protections solaires extérieures sont indispensables, de même qu'une ventilation nocturne traversante. Les matériaux biosourcés, par leur fort déphasage (10–12h), permettent de limiter l’usage de la climatisation même en cas de canicule.
En immeuble, les appartements sous combles ou en façades exposées sont les plus sensibles. L’usage de fibre de bois en ITE (isolation par l’extérieur) est ici efficace pour renforcer l’inertie sans empiéter sur l’espace intérieur. Les brise-soleil et stores extérieurs deviennent alors les outils principaux de protection solaire. Le rafraîchissement nocturne est plus complexe mais une VMC double flux avec bypass peut y contribuer.
Les appartements en étages élevés avec vitrages plein sud sont sujets aux surchauffes. L’accent est mis sur :
Protections solaires extérieures,
Limitation des apports internes (équipements électriques),
Isolation des murs intérieurs avec déphasage (ex : 16 cm de fibre de bois, R ≈ 4 m².K/W),
Utilisation de climatisation ponctuelle uniquement si le reste est optimisé.
Assurer le confort d’été dans une rénovation performante nécessite de combiner des matériaux biosourcés à fort déphasage, une ventilation adaptée et une protection solaire efficace. L’usage raisonné de solutions passives permet de garantir le confort sans accroître les consommations énergétiques ni recourir systématiquement à la climatisation. Chaque type de bâti impose une stratégie spécifique, mais le bioclimatisme et la qualité de mise en œuvre restent les clés universelles.